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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/46

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— Je demande que vous restiez toujours la femme que vous êtes en ce moment. Mais, je le sais, vous êtes capricieuse et mobile… Lachaume viendra ce soir, Moritz, Quérannes, et vous rirez de notre ferveur musicale d’aujourd’hui.

— Chut !… chut !… fit-elle. Ne soyez pas le monsieur qui n’est jamais content.

Ils riaient. Elle dit :

— C’est bon, une amitié comme la nôtre.

— D’autant plus que vous avez assez d’adorateurs pour apprécier un ami.

— Des adorateurs ? Ah ! ils m’excèdent. Vous n’avez jamais fait la cour à aucune femme, vous, je le parierais…

Elle ferma le piano et atteignit son chapeau posé sur un meuble.

— Voulez-vous que nous allions ensemble jusqu’à la Patte-d’Oie ? Nous boirons du lait chez une brave femme qui habite là dans une cahute. Jo sera enchanté.

— Très volontiers.

Jacqueline appela l’enfant et tous trois sortirent ensemble. Jo gambadait en avant. Appuyée au bras d’Étienne, madame Vallier causait gaiement, sans coquetterie et sans trouble. Ils furent bientôt à la porte du bois. Le soleil était moins ardent