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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/95

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Un matin, elle n’y tint plus. Elle choisit sa plus jolie toilette de printemps, heureuse de se voir jeune et belle, d’une fraîcheur de rose pâle qui seyait à la soie brune de sa chevelure, au cristal vert de ses yeux. Elle prévint la femme de chambre qu’elle ne rentrerait pas avant la soirée et, nouant les rubans d’une capeline fleurie, elle s’en alla rue Vauquelin.

Légère, elle monta d’un trait jusqu’au troisième étage. Elle reconnaissait avec plaisir l’escalier sombre, la porte enfoncée, le vieux cordon de sonnette à franges vertes.

Elle sonna doucement. Étienne vint ouvrir.

— Jacqueline !

Il était à demi vêtu, les cheveux en désordre, confus et ravi. Jacqueline le trouva charmant.

— C’est moi, ne me grondez pas… J’avais envie de vous voir.

Elle lui sauta au cou, comme une enfant, et il l’embrassa avec une ardeur d’amoureux sevré de baisers depuis deux semaines. La capeline fleurie était sur la table et Jacqueline, étreinte, par des bras avides, sentait sur sa joue, à travers la soie de la chemise lâche, la chaleur de la poitrine d’Étienne, le battement précipité de son cœur. Elle était ravie de le surprendre dans l’inti-