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Page:Tinayre - La Rancon.djvu/96

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mité, parmi le désordre de l’appartement où traînaient les vêtements et les livres. Elle s’amusait de l’embarras de Chartrain, confus de son costume, de ses pantoufles, de ses cheveux emmêlés.

— Je vous demande pardon. Je vais m’habiller.

— Tout à l’heure, dit-elle, en le forçant à s’asseoir. Que je vous regarde un peu… Vous rougissez ! Ça vous va très bien… Vous savez, je vous enlève. Je m’invite à déjeuner. Emmenez-moi à la campagne, voulez-vous ?

— Si je veux !…

Il passa dans la chambre voisine et s’habilla rapidement pendant qu’elle s’amusait à ouvrir les tiroirs, à feuilleter les livres, à taquiner le clavier du piano. Il lui semblait qu’elle était vraiment chez elle. Chartrain la surprit lisant un brouillon de vers inachevés qui traînait entre les feuillets d’une revue.

— Petite curieuse. Voulez-vous bien laisser cela !

— Jamais de la vie. Ah ! ah ! vous êtes encore poète à vos heures ? Laissez-moi lire. Ceci m’appartient de droit.

Et elle lut à demi-voix les vers qui étaient tombés de la plume d’Étienne, un soir d’ennui.