Aller au contenu

Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un aspect tout nouveau. Ils acquièrent du relief, de la consistance ; on dirait des mamelons solides, des glaciers fantastiques, où le soleil dessine, par des ombres vigoureuses, des vallées d’argent, comme dans les pays enchanteurs des Mille et une Nuits (fig. 19). Le ballon, entraîné par les courants aériens, paraît immobile dans ce monde du calme, du silence et de la contemplation. Je plaindrais celui dont l’âme ne serait pas embrasée au foyer de cette sublime poésie des spectacles naturels.

Tantôt les nuages forment une nappe immense, un écran opaque qui cache entièrement la vue de la terre, tantôt ils se suivent isolés, comme des géants aux formes capricieuses. Alors on aperçoit le sol à travers les intervalles qui les séparent : les villes, les campagnes et les bois se succèdent, réduits à des dimensions lilliputiennes… Veut-on s’élever plus haut dans les régions de l’air, une poignée de sable suffit pour augmenter de quelques centaines de mètres la distance qui nous sépare des humains. Veut-on descendre, quelques mètres cubes de gaz, perdus par la soupape, nous ramènent vers la surface terrestre.

Quand on passe près des blancs cumulus, leur masse opaque forme écran, et l’ombre du ballon s’y projette ; elle s’entoure parfois de cercles irisés aux sept couleurs de l’arc-en-ciel, et pro-