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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/69

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Sans les ballons, pas une lettre ne serait sortie de l’enceinte des forts de la capitale investie, pas une dépêche n’y serait rentrée. Les portes ne se seraient ouvertes qu’au mensonge, à la ruse, à l’espionnage. Un silence de cinq mois n’eût pas été possible. La grande métropole, bâillonnée, aurait vite fait entendre un murmure de détresse, puis un cri de grâce ! Les aérostats n’ont pas seulement emporté les dépêches parisiennes, ils ont permis aux aéronautes d’emmener avec eux les pigeons voyageurs, qui devaient rentrer dans les murs de la capitale cernée. Les missives du dedans ont pu recevoir ainsi les réponses du dehors. Tours a entendu Paris, Paris a entendu Tours. L’Attila des temps modernes, qui avait écrasé des armées, bombardé des villes, décimé des populations entières, s’est trouvé impuissant devant l’aérostat qui traversait les airs, comme devant l’oiseau qui fendait l’espace !

Jamais je n’oublierais mon départ dans un ballon-poste improvisé dès les premiers jours de l’investissement, le 30 septembre 1870.

Mon aérostat s’élève dans l’espace avec une force ascensionnelle très modérée. Je ne quitte pas de vue l’usine de Vaugirard d’où je viens de partir et le groupe d’amis qui me saluent de la main : je leur réponds de loin en agitant mon chapeau avec enthousiasme, mais bientôt l’ho-