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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/70

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rizon s’élargit. Paris immense, solennel, s’étend à mes pieds, les bastions des fortifications l’entourent comme un chapelet ; là, près de Vaugirard, j’aperçois la fumée de la canonnade, dont le grondement sourd et puissant, tout à la fois, monte jusqu’à mes oreilles comme un concert lugubre. Les forts d’Issy et de Vanves m’apparaissent comme des forteresses en miniature, bientôt je passe au-dessus de la Seine, en vue de l’île de Billancourt.

Il est 9 heures 50 ; je plane à 1 000 mètres de haut ; mes yeux ne se détachent pas de la campagne, où j’aperçois un spectacle navrant gui ne s’effacera jamais de mon esprit. Ce ne ne sont plus ces environs de Paris, riants et animés, que j’avais tant de fois admirés dans mes ascensions antérieures, ce n’est plus la Seine, dont les bateaux sillonnent l’onde, où les canotiers agitent leurs avirons. C’est un désert, triste, dénudé, horrible. Pas un habitant sur les routes, pas une voiture, pas un convoi de chemin de fer. Tous les ponts détruits offrent l’aspect de ruines abandonnées, pas un canot sur la Seine qui déroule toujours son onde au milieu des campagnes, mais avec tristesse et mono- tonie. Pas un soldat, pas une sentinelle, rien, rien, l’abandon du cimetière. On se croirait aux abords d’une ville antique, détruite par le temps ;