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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/74

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Paris. On ne les revit jamais ! Le premier aérostat perdu en mer était le Jacquart ; un marin, Prince, le conduisait. Il n’avait pas de passager.

Le ballon s’éleva lentement à 411 heures du soir, par une nuit noire, et disparut dans les profondeurs de l’atmosphère du côté de l’ouest.

Un navire anglais aperçut le ballon, en vue de Plymouth ; il se perdit en mer. Quel drame épouvantable ; quelles angoisses, quelles tortures pour l’infortuné Prince, avant de trouver la plus terrible des morts ! Seul, du haut des airs, il contemple l’étendue de l’Océan où fatalement il doit descendre. Il compte les sacs de lest, et ne les sacrifie qu’avec une parcimonie scrupuleuse. Chaque poignée de sable qu’il lance est un peu de sa vie qui s’en va. — Il arrive, ce moment suprême où tout est jeté par-dessus bord ! Le ballon descend, se rapproche du gouffre immense ! La nacelle se heurte sur la cime des vagues, elle n’enfonce pas, elle glisse à la surface des flots, entraînée par le globe aérien, qui se creuse comme une grande voile !

Prince, suspendu au cercle, cherche de loin un navire, une voile à l’horizon. Jusqu’au dernier moment il espère le salut ! Mais l’heure arrive où il va falloir être englouti dans les abimes. Le marin du siège de Paris pense à la patrie lointaine, à sa mère et à ses amis qui com-