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Page:Tissandier - Voyages dans les airs - 1885.djvu/80

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À peine suis-je revenu à terre que l’on aperçoit, de l’autre côté de la Sarthe, un groupe de cavaliers accourant au galop. C’est le général Chanzy et son état-major. Il est monté sur un magnifique cheval arabe qui caracole avec grâce, trois aides de camp le suivent, et derrière les officiers, galopent des goumiers arabes, aux manteaux rouges et blancs : ce sont des grands nègres, qui se tiennent sur leurs selles, droits comme des I, et semblent étreindre de leurs jambes, comme dans un étau, leurs minces chevaux qui bondissent avec la légèreté la plus gracieuse.

En quelques secondes, les chevaux ont passé le pont et s’arrêtent devant le ballon. Le général descend de cheval, je vais à sa rencontre en lui disant : « Nous sommes prêts, mais le vent est violent, il sera impossible d’atteindre une grande hauteur. Vous aurez toutefois une idée des services que nous pouvons rendre. »

Mon frère saute dans la nacelle, et le ballon s’élève lentement, se penche à l’extrémité des câbles qu’il tend avec force, en leur donnant la rigidité de barres de fer. Arrivé à 100 mètres de haut, l’aérostat s’arrête, il a une force ascensionnelle considérable ; par moment il oscille dans l’air en se rapprochant de terre, mais ce n’est que pour bondir bientôt au bout de ses cordes. Le général observe le ballon avec attention, il se fait