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été exécutées avec le succès le plus complet. L’action du gouvernail se faisait sentir avec une grande sensibilité, ce qui prouve que le navire aérien avait une vitesse propre très appréciable. À l’altitude de 1 500 mètres, M. Giffard m’a raconté souvent qu’il lui fut possible de résister par moments à l’intensité du vent et de maintenir à l’état d’immobilité ce premier monitor de l’air.

Cette magnifique expérience a été renouvelée par M. Dupuy de Lôme, qui, en 1872, construisit son grand aérostat à hélice, gonflé d’hydrogène pur et actionné par un propulseur de 6 mètres de diamètre, que sept hommes mettaient en mouvement dans la nacelle (fig. 28).

Pourquoi M. Dupuy de Lôme, le constructeur des premiers navires cuirassés dont la machine à vapeur est l’organe essentiel, a-t-il, après Giffard, banni la vapeur d’un aérostat allongé ? Parce qu’il a redouté, non sans motifs sérieux, l’association de ces deux appareils : la chaudière, qui exige du feu, et le ballon, qui est rempli d’un gaz essentiellement inflammable. En outre, le moteur à vapeur n’est pas un système à poids constant ; en brûlant, le combustible qui lui donne l’énergie se transforme en produits gazeux qui se dégagent et se dispersent dans l’atmosphère ; la vapeur d’eau se volatilise, l’appareil,