Aller au contenu

Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la politique de l’Union cette autre maxime : « Que les Américains ne devaient jamais demander de privilèges aux nations étrangères, afin de n’être pas obligés eux-mêmes d’en accorder. »

Ces deux principes, que leur évidente justesse mit facilement à la portée de la foule, ont extrêmement simplifié la politique extérieure des États-Unis.

L’Union ne se mêlant pas des affaires de l’Europe n’a pour ainsi dire point d’intérêts extérieurs à débattre, car elle n’a pas encore de voisins puissants en Amérique. Placée par sa situation autant que par sa volonté en dehors des passions de l’ancien monde, elle n’a pas plus à s’en garantir qu’à les épouser. Quant à celles du nouveau monde, l’avenir les cache encore.

L’Union est libre d’engagements antérieurs ; elle profite donc de l’expérience des vieux peuples de l’Europe, sans être obligée, comme eux, de tirer parti du passé et de l’accommoder au présent ; ainsi qu’eux, elle n’est pas forcée d’accepter un immense héritage que lui ont légué ses pères ; mélange de gloire et de misère, d’amitiés et de haines nationales. La politique extérieure des États-Unis est éminemment expectante ; elle consiste bien plus à s’abstenir qu’à faire.

Il est donc bien difficile de savoir, quant à présent, quelle habileté développera la démocratie américaine dans la conduite des affaires extérieures de l’État. Sur ce point, ses adversaires comme ses amis doivent suspendre leur jugement.

Quant à moi, je ne ferai pas difficulté de le dire : c’est