Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment ? fit sèchement Vronskï avec une grimace de dépit qui laissa voir ses dents serrées.

— Tu n’as pas peur de grossir ?

— Garçon, du xérès ! commanda Vronskï sans répondre, et mettant son livre de l’autre côté, il continua de lire.

Le gros officier prit la carte des vins, et s’adressant à son jeune compagnon :

— Choisis toi-même ce que nous boirons, lui dit-il en lui tendant la carte et le regardant.

— Du vin du Rhin, si tu veux, dit le jeune officier en jetant un regard timide sur Vronskï, et tâchant de saisir dans ses doigts ses moustaches naissantes.

Voyant que Vronskï ne se retournait pas, le jeune officier se leva.

— Allons dans la salle de billard, dit-il.

Le gros officier se leva obéissant, et ils se dirigèrent là-bas.

À ce moment, entra dans la salle le grand et élégant capitaine Iachvine ; il gratifia d’un signe de tête hautain les deux officiers et s’approcha de Vronskï.

— Hein ? Voilà où il est ! cria-t-il en lui frappant fortement l’épaule de sa large main.

Vronskï se retourna fâché, mais aussitôt son visage s’éclaira du sourire calme et assuré qui lui était propre.

— C’est bien, Aliocha ! fit le capitaine de sa haute