Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/169

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fiants envers les autorités britanniques et une partie de ces colons (ceux d’origine anglaise), qui comptaient sur divers avantages : par exemple la reconnaissance de leur pouvoir sur les indigènes, la consécration de leur droit sur les terres accaparées, etc. Cependant la gestion anglaise fut à la hauteur de sa tâche et son premier acte fut l’abolition pour toujours de la capitation qui avait créé l’esclavage des indigènes à l’avantage de peu nombreux colons. Mais aussitôt un dilemme embarrassant se présentait à Sir Robinson. Il était nécessaire d’abolir la capitation, car c’était pour y échapper que les Fidjiens s’étaient adressés aux Anglais, et en même temps, selon les principes de la politique coloniale anglaise, la colonie devait se pourvoir à elle-même, c’est-à-dire trouver les ressources pour les dépenses de son administration. Or, avec la suppression de la capitation, toutes les recettes des îles Fidji (douanes) ne dépassaient pas 6.000 livres alors que les dépenses administratives en atteignaient au moins 70.000 par an. Alors Robinson, ayant aboli l’impôt en argent, inventa le labourtaxe, c’est-à-dire la corvée, que devaient faire les Fidjiens. Mais la corvée ne donnait point les 70.000 livres nécessaires à l’entretien de Robinson et de ses aides. Les affaires ne marchèrent pas jusqu’à la venue d’un nouveau gouverneur, Gordon, qui résolut de ne pas exiger d’argent pour l’entretien des fonctionnaires avant que cet argent