Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/406

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se repentir, arracher l’orgueil qui s’est enraciné en nous avec l’instruction, avec notre finesse, nos talents ; se reconnaître non comme un bienfaiteur du peuple, comme un homme avancé qui ne refuse pas de partager avec le peuple ses acquisitions utiles, mais se juger un homme coupable, gâté, bon à rien ; un homme qui désire se corriger et ne pas s’imaginer rendre des bienfaits au peuple, mais cesser de l’offenser et de le blesser.

J’entends souvent les questions de très braves jeunes gens qui sympathisent à la partie négative de mes écrits et qui me demandent : Eh bien alors, que dois-je faire ? Que dois-je faire pour être utile, moi qui ai terminé les cours de l’Université ou autres études ?

Ces jeunes gens demandent cela, et au fond de leur âme ils ont déjà décidé que l’instruction qu’ils ont reçue est une grande supériorité pour eux, et ils désirent servir le peuple précisément avec cette instruction. C’est pourquoi la seule chose qu’ils ne feront jamais c’est de critiquer franchement, honnêtement ce qu’ils appellent leur instruction ; de se demander si les qualités de cette instruction sont bonnes ou mauvaises ? S’ils le faisaient ils seraient inévitablement amenés à la nécessité de renoncer à leur instruction, à la nécessité de se mettre à apprendre de nouveau : c’est la seule chose qui soit nécessaire.

Ils ne peuvent point répondre à la question : que