Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire ? parce qu’ils ne se posent pas cette question comme elle doit être posée.

La question devrait être posée ainsi : comment moi, un homme faible, inutile, qui par le malheur de ma situation ai perdu mes meilleures années à l’étude qui déprave l’âme et le corps, à l’étude d’un Talmud scientifique, comment réparer cette faute et apprendre à servir les gens ? Chez eux la question est ainsi posée : Comment moi, qui ai acquis tant de belles connaissances, puis-je être utile aux hommes avec ces connaissances ? C’est pourquoi l’homme ne répond jamais à la question : que faire ? tant qu’il ne cesse de se mentir à soi-même et ne se repent pas. Le repentir n’est pas plus terrible que la vérité ; il est même agréable et fécond. Il suffit d’accepter la vérité et de se repentir complètement pour comprendre que personne n’a et ne peut avoir dans la vie des droits, des privilèges, qu’il n’y a ni fin ni limite aux devoirs, et que le premier devoir indiscutable de l’homme c’est la participation à la lutte contre la nature pour sa vie et pour celle des autres.

Et cette conscience du devoir de l’homme est l’essence de la troisième réponse à la question : que faire ? J’ai tâché de ne pas me mentir, j’ai tâché d’extirper de moi les restes de l’opinion mensongère sur l’importance de mon instruction, de mes talents ; j’ai tâché de me repentir. Mais sur la route de la résolution de la question : que