Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/408

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faire ? un nouvel obstacle s’est élevé. Il y a tant de choses diverses que l’indication de ce qu’il faut précisément faire est nécessaire. Et c’est le repentir sincère du mal dans lequel je vivais qui m’a donné la réponse à la question : que faire ? Que faut-il précisément faire ? demande-t-on et demandais-je aussi, tant que, sous l’influence de ma haute opinion de ma vocation, je n’apercevais pas que la première chose à faire était indiscutablement de me nourrir, de me vêtir, de me chauffer, de m’abriter, et par cela servir les autres, car depuis que le monde existe c’est en cela que consiste le devoir primordial de chaque homme.

Par cette seule œuvre l’homme reçoit la pleine satisfaction des exigences corporelles et spirituelles de sa nature. Nourrir, vêtir, soigner les siens et soi-même, c’est la satisfaction du besoin corporel ; faire la même chose pour les autres, c’est la satisfaction du besoin spirituel.

Toute autre activité de l’homme n’est légitime que lorsque ce premier besoin de l’homme est satisfait. Quelque vocation que l’homme se suppose : diriger des hommes, défendre ses compatriotes, servir des messes, instruire les autres, inventer des moyens pour augmenter les agréments de la vie, découvrir les lois du monde, incarner les vérités éternelles en des images artistiques, pour un homme raisonnable le devoir de participer à la lutte contre la nature pour soutenir sa vie et celle