Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/437

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loi de la nature est devenu le malheur d’une classe entière d’hommes, l’occupation du travail physique reçoit une autre signification, celle de la propagande et de l’activité qui écartent les terribles maux qui menacent l’humanité. Dire que pour un homme instruit l’occupation d’un travail physique n’est rien, c’est la même chose que de dire pendant la construction d’un temple : qu’y a-t-il d’important à mettre une pierre exactement à sa place ?

L’œuvre même la plus grande se fait précisément dans les conditions de la modestie, de la simplicité. Ni labourer, ni construire, ni élever le bétail, ni penser, ne se peuvent faire avec un éclairage a giorno, au son des canons et en uniforme. L’éclairage, le grondement des canons, la musique, les uniformes, la propreté, l’éclat avec lesquels nous sommes habitués d’unir l’idée, l’importance de l’occupation, sont toujours, au contraire, les signes de son manque d’importance.

Les grandes, les vraies œuvres sont toujours simples et modestes.

Telle est la plus grande œuvre qui soit devant nous : la solution de ces terribles contradictions dans lesquelles nous vivons.

Les œuvres qui résolvent ces contradictions sont ces actes modestes, inaperçus, qui paraissent ridicules : se servir soi-même, faire les travaux physiques nécessaires pour soi et si possible pour