Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/357

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— Et qu’y a-t-il ? — demanda Maslennikov devenu soudain plus réservé et prenant un ton plus sévère.

— Il y a, dans la prison, une personne à laquelle je m’intéresse beaucoup (au mot de « prison », le visage de Maslennikov devint plus sévère encore) ; je voudrais bien avoir l’autorisation de m’entretenir avec elle non dans le parloir commun mais au bureau, et non seulement aux jours réglementaires, mais plus souvent. On m’a dit que cela dépendait de toi.

— Il va sans dire, mon cher, que je suis prêt à tout faire pour toi, — répondit Maslennikov en touchant de sa main les genoux de Nekhludov, comme s’il descendait à sa portée. — C’est possible, mais, vois-tu, je suis un calife provisoire.

— Alors peux-tu me donner un papier qui me permette de la voir à toute heure ?

— C’est une femme ?

— Oui.

— Comment se trouve-t-elle là ?

— Pour empoisonnement. Mais elle a été condamnée injustement.

— Oui, voilà leur vraie justice, ils n’en font point d’autres, — ajouta-t-il en français, sans trop savoir pourquoi. — Je sais, — continua-t-il, — que nous ne sommes pas d’accord sur ce sujet ; mais qu’y faire, c’est mon opinion bien arrêtée, — fit-il, exprimant l’opinion que, durant une année, il