Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/393

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— J’irai à l’instant chez Maslennikov, et le mettrai au courant.

— Bah ! ce sera inutile, — remarqua l’avocat en souriant. — C’est, — il n’est ni votre parent ni votre ami, n’est-ce pas ? — c’est, passez-moi le mot, un tel crétin, et de plus une si habile fripouille.

Nekhludov se rappela les termes dont s’était servi Maslennikov pour apprécier l’avocat ; il ne répondit rien, prit congé, et se fit conduire chez Maslennikov.

Nekhludov avait deux choses à demander à Maslennikov : d’abord le transfert de Maslova à l’infirmerie, puis son intervention en faveur des cent trente hommes sans passeports, détenus en vain. Malgré sa répugnance à solliciter un homme qu’il n’estimait point, comme c’était le seul moyen d’atteindre son but, il lui fallait en passer par là. En approchant de la maison de Maslennikov, Nekhludov vit, devant le perron, quelques équipages : coupés, calèches, carrosses, et il se rappela que c’était précisément le jour de la femme de Maslennikov, qui lui avait demandé de venir ce jour-là. Comme Nekhludov arrivait à la maison, une voiture se trouvait devant le perron et un valet de pied, en pèlerine, cocarde au chapeau, aidait à descendre une dame dont la traîne relevée laissait voir, moulée dans un bas noir, une fine cheville, et des pieds chaussés de souliers découverts. Parmi les voitures qui stationnaient, Nekhludov