Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/262

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— J’en suis très content, Votre Haute Excellence.

— Aucun de nous n’est sans faiblesses, — dit Koutouzov en souriant et en s’éloignant de lui. — Il avait un faible pour Bacchus.

Le commandant du régiment s’effraya comme s’il en était coupable et ne répondit rien. À ce moment l’officier de hussards remarqua le visage du capitaine au nez rouge, au ventre effacé et dirigea si bien son visage et sa pose que Nesvitzkï ne put s’empêcher de rire. Koutouzov se retourna. Mais évidemment, l’officier pouvait commander à son visage comme il le voulait. Au moment où Koutouzov se tourna, l’officier réussit à faire une grimace et à prendre ensuite l’expression la plus sérieuse, respectueuse et innocente.

La troisième compagnie était la dernière, et Koutouzov, devenu pensif, semblait se rappeler quelque chose. Le prince André sortit de l’escorte et à voix basse, prononça en français :

— Vous m’avez ordonné de vous rappeler sur le dégradé Dolokhov, dans ce régiment.

— Où est Dolokhov ? — demanda Koutouzov.

Dolokhov, déjà vêtu de la capote grise des soldats, n’attendit pas d’être appelé. L’élégant soldat, aux yeux bleu-clair, sortit du rang. Il s’approcha du commandant en chef et lui présenta les armes.

— Une plainte ? — demanda Koutouzov, en fronçant légèrement les sourcils.