Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/263

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— C’est Dolokhov, — dit le prince André.

— Ah ! — prononça Koutouzov, — j’espère que cette leçon te corrigera. Sers bien. L’Empereur est gracieux et je ne t’oublierai pas, si tu le mérites.

Les yeux bleu-clair regardèrent le commandant en chef avec la même audace que le commandant du régiment, et semblaient détruire, par leur expression, les distances qui mettaient si loin le commandant en chef du soldat.

— Je ne demande qu’une chose, Votre Haute Excellence, — prononça-t-il de sa voix sonore, ferme — c’est de me donner l’occasion d’effacer ma faute et de prouver mon dévouement à l’Empereur et à la Russie.

Koutouzov se détourna. Sur son visage parut le même sourire que celui qu’il avait eu en se détournant du capitaine Timokhine. Il se détourna et fronça les sourcils, comme s’il voulait exprimer par là qu’il savait depuis longtemps tout ce que disait et pouvait dire Dolokhov, que tout cela l’ennuyait et que ce n’était pas du tout ce qu’il lui fallait. Il se dirigea vers la voiture.

Le régiment se disposa par compagnies et se dirigea vers les quartiers qui lui étaient assignés, non loin de Braunau, où il espérait se chausser, s’habiller et se reposer d’une marche pénible.

— Vous ne m’en voulez pas, Prokhor Ignatitch ? — dit le commandant du régiment en s’approchant