Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/325

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les camarades, il est ordonné de s’arrêter et d’enflammer le pont.

— Qui l’a ordonné ? — demanda le colonel avec un air bourru.

— Je ne sais pas, colonel, répondit sérieusement le cornette, mais le prince m’a ordonné ceci : « Va, et dis au colonel que les hussards retournent au plus vite et enflamment le pont. »

Derrière Jerkov, un officier de la suite rejoignait le colonel de hussards avec le même ordre. Derrière celui-ci, sur un cheval de Cosaque qui le portait avec peine, accourait au galop le gros Nesvitzkï.

— Comment donc, colonel, — cria-t-il encore en galopant. — Je vous ai dit d’enflammer le pont. Quelqu’un a-t-il déformé mon ordre ? Là-bas, tout le monde devient fou, on ne comprend rien.

Le colonel, sans se hâter, arrêta le régiment et s’adressa à Nesvitzkï :

— Vous m’avez parlé de matières inflammables, — dit-il, — mais pour ce qui est d’enflammer le pont, vous ne m’avez rien dit.

— Mais comment donc, mon cher, — fit Nesvitzkï en ôtant sa casquette et lissant de sa main grasse ses cheveux mouillés de sueur. — Comment, ne vous ai-je pas dit qu’il faut enflammer le pont quand on y a mis des matières inflammables.

— Je ne suis pas pour vous « mon cher », mon-