Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

famine est chronique, et où le blé recueilli du lopin de terre que possède le paysan ne lui suffit que jusqu’à Noël, et vous verrez que, pendant les années ordinaires aussi, d’après le registre de la récolte, il manque de nourriture, et que son déficit est tel qu’il est obligé de perdre son bétail et de ne manger lui-même qu’une fois par jour. Tel est le budget d’un paysan moyen — sans parler du pauvre ; — et pourtant voyez : non seulement il n’a pas perdu son bétail, mais il a marié son fils ou sa fille, a bien fêté la célébration du mariage et a dépensé 5 roubles pour le tabac. Qui n’a pas vu de ces incendies balayant tout ? Il semblerait que les victimes du désastre doivent périr. Mais que voit-on bientôt ? L’un fut aidé par un parent quelconque, un autre a tiré son