Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/107

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La petite fête continue. À quatre heures, on est dans un cabaret étroit de Montmartre, où le maître d’hôtel ressemble à un eunuque assyrien. Tout le monde a la voix enrouée d’avoir crié : « Vive l’armée ! » et pâteuse d’avoir bu. Blanche chante une romance sentimentale, comme on en peut entendre dans les cours des maisons ouvrières : elle a ôté son chapeau, et l’agite mollement.

Un moment après, elle n’est plus là ; le grand Machin, non plus.

« — Où est-il, le grand Machin ? demande quelqu’un en bâillant... (Ah ! ce qu’on s’amuse !)

« — Il aura gagné les petits salons, avec cette dame.

« — Eh bien, ils ne sont pas vites !

« — À cette heure-ci, dit un autre, on n’est jamais vite. C’est comme dans la chanson de Mallarmé, vous savez bien : « Le Monsieur qui montait n’est pas redescendu... »

Et voilà !

— C’est tout ? demanda Eliburru.

— C’est tout, mais vous aviez bien raison ; les inventions de nos romanciers les plus populaires pâlissent à côté des drames de la vie réelle.

— Quand je vous le disais, répondit le philosophe.