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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/129

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extraction obscure, cette forte éducation géographique qui nous permet de ne pas confondre l’île de Nossi-Mitsiou avec le détroit ou phare de Messine.

Elle a d’ailleurs peu de prétentions aux sciences, contente de régenter les lettres et les arts. Elle ne croit pas non plus que l’archéologie ni l’érudition historique lui soient tout à fait étrangères. Mais peut-être s’y exagère-t-elle sa valeur.

Les douanes passèrent. Nous étions en Italie, et Nane s’indigna de n’apercevoir autour d’elle aucun changement. Les plus lointains regards qu’elle ait encore jetés sur le monde, c’est jusqu’à Mustapha-Supérieur ; et longtemps elle caressa l’illusion que les pays étrangers sont autre chose qu’une espèce de France plus mal tenue, habitée par des professeurs de langues. Peut-être espérait-elle aujourd’hui qu’elle allait voir des gens se promener nus, les pieds en l’air, avec des yeux sur le ventre, ou toute autre chose de ce goût-là ; en sorte que d’être déçue elle devient injuste, tourne le dos au paysage éblouissant et mou, et ne veut même pas reconnaître dans l’air cette odeur d’épices, qui est proprement l’haleine de