Aller au contenu

Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

couchée sur les bords noirs d’un port sans navires.

Car ces matins ne sont plus où se voyaient de riches armateurs, en pantalon de nankin, sur le damier des quais. Cependant on débarque le sucre et le précieux café que les noirs du Petit Goave ont enveloppé de pagne ; et une belle dame à la taille haute regarde languissamment sous son ombrelle à franges, en rêvant peut-être aux aides de camp de M. le duc d’Angoulême.

Nous passâmes ensuite par ces villes du Sud, où il y a beaucoup, assure-t-on, de huguenots : Nîmes, Orthez, Montauban, Moissac. Peut-être ne sont-elles pas citées dans l’ordre ; et d’ailleurs nous ne les distinguâmes point, parce que c’était un train de nuit. Mais, à l’aube, ce fut Arles en robe lilas, des architectures gallo-romaines, et, sur le quai de la gare, une fille, de chair grasse et mate, qui vendait du raisin très mûr. Alors, mon amie, s’étant soulevée sur sa couchette, demanda :

— Combien de stations y a-t-il encore ?

— Soixante-dix-huit, répondis-je, — et elle retomba accablée.

Les topos de Nane manquent un peu de précision. Elle n’a pas reçu, étant d’