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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/142

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plus drôle d’accepter cette proposition romantique.

Il fit cartes, tourna la dame de cœur ; j’avais les trois autres, par deux valets, jeu de règle ; et, en effet, je marquai un point.

La veine avait tourné enfin (que faisiez-vous, Nane, cependant ?) et je regagnai ma pelisse (du renard tout frais-venu de Sibérie), mon argent, celui de Gondolphe, qui se trouva peu de chose au comptant, et une somme assez grosse sur parole. Je lui offris, pour celle-ci, tout le temps qu’il voudrait, à quoi mon homme répondit fièrement qu’il s’acquitterait dans les vingt-quatre heures. Voilà, mais lesquelles ?

Entre tant, comme fait l’eau d’une salade qu’on secoue à force, Nane m’était sortie de la tête. Il est vrai aussi qu’on n’éprouve pas deux passions à la fois et que le jeu l’emporte sur n’importe quelle curiosité sentimentale. Cette fois même, il l’avait tuée, et lorsque ma maîtresse me revint à l’esprit, ce ne fut plus parmi de ces images grossièrement désobligeantes dont l’Éthique nous a laissé l’analyse — ou la confession. On eût dit plutôt des cartes transparentes après du haschish, quand tout devient autour de nous à la fois comique et