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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/156

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— Ah ! cette poupée, toute vernie de poisons et de littérature. Voilà des jours que je la regarde. Figurez-vous, sa mécanique est détraquée ; alors elle va à droite, à gauche, elle fait du mal, et de temps en temps, elle perd un peu de son.

— Vous êtes sévère. Moi je lui trouve quelque chose, une saveur de différence. Et ces gestes bizarres ; il semble qu’ils n’ont plus pour nous de signification exacte, comme si c’étaient les signes d’une langue lointaine, oubliée déjà aux jours d’Adam.

— Oui, elle est mystérieuse comme la sottise. Mais elle a des prunelles magnifiques, des prunelles à reflets d’or, pleines de fourberie. Chez nous les filles ont les yeux couleur de leur âme, clairs et pâles, etc., etc.

Il continue un moment à m’entretenir de regards norvégiens : « Et le jeune homme, dis-je, à grosse tête, qui est avec elle ?

— Ça, c’est un vicomte d’Elche — son vice, je pense. Car elle a l’air d’en tenir. Il l’avait quittée tout à l’heure un moment de trop ; et alors elle l’a mordu à la main d’une façon vraiment gracieuse. On aurait dit un enfant qui retrouve son sucre d’orge.

Ce Norse m’ennuie avec ses métaphores ;