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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/158

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— Excusez-moi, lui dis-je. Au fond, je suis bien sûr que vous ne manquez pas d’entourage.

— Encore s’y restaient autour. Mais sérieusement, j’ai tout ce qu’y faut de bêtes pour qu’on me couche. Alors, si ça vous chante de rentrer seul, ou avec Nane, vous gênez pas. Justement, je viens de la voir monter avec ce nabot à barbe jaune, qui vous remplace, ce soir.

— Ah ! ils sont sur la galerie ?

— Je crois qu’ils se choisissent un tzigane. À moins qu’ils ne soient dans le petit lavabo. Au revoir, alors, mon vieux.

Et elle disparaît, incrustée entre deux habits noirs.

Le bal est maintenant un peu plus calme ; des gens sont partis ; des couples causent de tout près dans les coins ; et les tziganes jouent en sourdine une chose langoureuse, qui m’entre sous les ongles. Cela me rappelle une heure d’été passée à Armenonville. Il avait plu toute la journée sur la terre chaude ; les branches s’égouttaient avec lenteur. Mille feuillages semblaient nous défendre du monde haïssable qui s’agite ; on apercevait seulement en haut d’une haie le fouet des voitures allant et venant. Et un grand diable de Magyar qui