Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/159

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était avec nous ayant conté aux musiciens des choses en leur langue, ils jouèrent cette valse qu’ils jouaient ce soir, voluptueuse.

Je cherchai Nane, je ne l’aperçus nulle part, et je m’imaginai seulement saisir sur un visage quelconque le sourire dont on enveloppe les amants malheureux : « Elle est dans le petit lavabo, pensai-je ; dans le petit lavabo. » Je montai.

Je poussai la porte. Il y eut un petit cri : « N’entrez pas », d’une voix bien connue, et j’aperçus sur le sofa banal Nane et le d’Elche qui se dégageaient maladroitement.

— Oh pardon, je me suis trompé de vitre, dis-je ; et je redescendis du plus grand calme.

Mais non pas tel, sans doute, qu’il ne m’en montât à la tête quelque méchante humeur, car, aussitôt rentré, je pris le lit avec un joli mal de gorge, orné de fièvre, qui ne dura guère que trois jours.

— On dirait un coup de sang, me dit le docteur : est-ce que vous auriez eu quelque contrariété ?