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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/164

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Mais de cette sotte soirée chez Lycoris, où j’avais surpris Nane aux bras (si j’ose dire) de ce d’Elche, je gardai quelques jours l’âme perplexe, pour ne rien dire d’un mal de gorge que m’avait valu je ne sais quelle agitation du sang.

Du reste, Nane redevint mienne presque aussitôt. Dans sa chair, dont j’aimais l’élasticité et la fraîcheur ; dans l’éclat de ce front convexe ; dans son âme même (qui n’était point autre chose, sans doute, que l’harmonie de ses membres) habitait un charme sans lequel il ne me semblait plus possible d’être heureux. Et qui saurait oublier sa voix, cette voix qui apaise l’oreille comme un ruisseau qu’on écoute à travers le bois ?

Et je me flatte que ce fut aussi l’idée virile du pardon qui me fit retourner vers elle, et trouver à ses baisers un goût inconnu jusqu’ici. Je suis assuré qu’il n’y eut là aucun avilissement ; et de n’avoir pas agi à l’instar de ces amants ridicules, qui semblent courir sans cesse au-devant d’une honte nouvelle pour la dévorer à nouveau : comme ce Jacques d’Iscamps, par exemple, dont on sait les lâches faiblesses envers elle.

D’autre part, Nane me jura qu’elle n’aurait