Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I

Primavérile de Ver

« Caritas habenda est ad omnes. »
(Im. Christ. I, 3.)
Quant aux Œuvres, mieux vaut ne s’en mêler point du tout que d’y porter des soucis de parti, ou de secte. Si entêté que vous soyez de votre dieu, l’en croirez-vous mieux établi, de l’avoir fait confesser pour une pièce d’or, comme don Juan ?


Quelle chose fut jamais plus changeante qu’un matin d’avril, si ce n’est mon amie ? Les pitres eux-mêmes, au visage mobile, sauraient-ils figurer ses caprices ? Car Nane, comme une eau sinueuse, que le vent froid du matin éveille et fait frémir au pied des saules, ce n’était que frisson, imprévus détours, secrète pente.

Mais c’est envers ses amies surtout qu’on la vit se piquer d’inconstance. Cette Noctiluce, par exemple, à qui elle parut se fixer un instant, ne fit, comme les autres, que traverser sa vie. Étrangère, d’ailleurs, et nul ne sachant rien de son passé, elle disparut soudain sans rien