vétérinaires, elle a réussi à retarder quinze jours la guérison de cette pauvre bête. Aujourd’hui, qu’il est enfin sur ses pattes, le voilà tout à coup familier, gourmand, cela va sans dire, mais goulu, encore, jusqu’à ronger les descentes de lit ; et qui répond au nom de Cocktail comme si c’était celui même de ses pères, de ses nombreux pères.
— Il est vilain, Nane, votre cabot ; mais il paraît racheter cela par sa bêtise.
— Bête, Cocktail ! Vous ne comprenez rien aux bêtes, mon cher. C’est à croire que vous n’avez jamais eu de cœur. Et si vous saviez, quelles dispositions il a pour sauter ! Cocktail ici !
Et elle prend une canne. Cocktail, dévoré d’inquiétudes à la vue d’un bâton, se réfugie derrière les rideaux de la fenêtre.
— Cocktail, ici, Cocktail ! Stoupide bête !
Cocktail ne bouge, mais, comme Nane finit par lui donner des coups de canne, il cherche un havre entre mes jambes.
— Comme c’est ingrat, dit-elle, les chiens : on dirait des hommes. En voilà un que j’ai soigné, embrassé, pendant un mois ; que j’ai fait tondre, laver, pomponner. Et pour quelques malheureux coups de canne, ça fait la tête.