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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/191

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Nane paraît près de tomber dans une affreuse mélancolie — quand on vient lui annoncer sa sœur.

— Ne bougez pas, me dit-elle, je vais la recevoir dans ma chambre, et l’expédier tout de suite.

Nane ayant, à son ordinaire, laissé la porte ouverte, et la causerie des deux sœurs bientôt monté de ton, je distingue tout ce qui se dit, à travers la portière.

— Je t’ai déjà écrit, fait Nane, que je ne pouvais rien faire. Je n’ai pas le sou et maman me coûte déjà assez cher comme ça.

— Écoute-moi, ’Anaïs, je ne t’ai pas tout dit dans ma lettre ; j’ai deux des enfants malades, l’un à la maison qui me mange de médicaments ; et l’autre, c’est le dernier, mon petit Alfred. La nourrice m’écrit que je suis trop en retard, et que, si je ne lui envoie pas d’argent, elle va me le rapporter, en pleine rougeole : il mourrait sur la route.

— Tu comprends bien, que tout ça c’est du battage, une nourrice aime trop son nourrisson, en général, pour le faire mourir. Tout le monde sait ça. Et puis, tes enfants, après tout... tu n’as même pas voulu que je sois marraine.

— Mais, ’Anaïs, je t’ai expliqué..., ma belle-mère... mon mari...