Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/192

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— Ah ! et qu’est-ce qu’y devient, ton mari, l’homme fort, le père de tes enfants ? Sais-tu une chose : tu devrais me l’envoyer ; nous arrangerions peut-être quelque chose ensemble. Je devine, au timbre de sa voix, que Nane sourit.

— Mais, ’Anaïs, crie encore la malheureuse, tu sais bien qu’il ne voudra jamais. S’il savait seulement que je suis venue, il serait capable de me battre.

— Que je le tienne seulement une heure ; j’en ai maté d’autres, va ! D’ailleurs, si vous êtes assez riches pour vous payer de la fierté ! On reste chez soi, alors. Je ne vous emprunte pas d’argent, moi.

— Et à cette époque où tu étais si en dèche ? Est-ce que je ne t’apportais pas un louis, comme tu dis, par semaine ? Et Dieu sait si ça m’était commode.

— Je te les ai rendus, pas ? Je voudrais bien que tu fasses de même. Sais-tu combien tu me dois ? J’ai regardé hier, quand je t’ai écrit : 760 francs. Ça me paraît assez comme ça ; vous finiriez par me prendre pour Madame le Bon. De l’argent, de l’argent, c’est facile à dire. Tâche d’en gagner toi-même, que diable. Fais comme moi, travaille !