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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/202

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Tout cela fait qu’il portait peu de sympathie à Mlle Dunois, ne voulait pas la voir, ni que sa femme la vît ; et souffrait dans son cœur qu’une aussi fâcheuse tare souillât le nom des Garbut, et des Lemploy par éclaboussure : deux noms irréprochables, assurait-il ; et c’est vrai que l’Histoire ne leur reprochait rien. La Tare, de son côté, ne l’aimait guère, encore qu’elle le jugeât bel homme. Surtout elle ne pouvait souffrir Clo-Clo, que leur mère, Mme Garbut, avait chérie trop longtemps à son désavantage.

— Pourquoi est-elle toujours enceinte ? disait-elle un soir à un de ses amis. C’est répugnant.

— Il en faut comme ça, Nane : la Tunisie manque de bras français.

— Ben, s’il n’y a que moi ? Remarquez que ça n’est pas gratis pro Deo, les enfants. Alors, pourquoi passe-t-elle son temps à se faire engrosser ; et puis après pour crever de mouïse — si on la croyait...

— Ne vous fâchez pas.

— Et caressant à l’œil, avec ça. J’en voyais une, l’autre soir, qui prenait le Métro. On aurait dit qu’elle portait un panier à bouteilles sous sa jupe. Non, mais très peu pour moi, je vous prie, de ventre.