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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/210

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Le lendemain matin, vers dix heures, et après une solitaire nuit de larmes, Mme Lemploy, qui était venue deux fois déjà, sans succès, quérir des nouvelles de son mari, fut introduite auprès de sa sœur. Nane, qui était dans sa chambre à coucher, habillée déjà, achevait de mettre son chapeau. Par terre il y avait des vêtements d’homme, des choses à carreaux, une loque rouge. Au fond du grand lit, son bras étendu sur la couverture, Évenor dormait la bouche ouverte ; et, dans sa main, il y avait des papiers bleus.

— Le v’là, dit Nane, ton époux. Même qu’il est payé de ses sueurs, comme tu vois. Et tu sais, tu peux prendre les fafiots sans remords : l’électricien ne m’a pas volée. Pas un court-circuit, ma chère !

Cependant Clo-Clo, abandonnée sur un fauteuil, avait fondu en larmes, et Lemploy, réveillé par ces sanglots, considérait tour à tour, d’un œil atone, sa femme, Nane et les billets dans sa main. Manifestement, il avait peine à retrouver sa seconde dimension.

— Eh bien, adieu, dit Nane. Vous vous expliquerez mieux sans moi.

Et, de cette marche allongée qui donne au bas de sa jupe l’air d’une vague, elle disparut.