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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/215

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Une maladie cruelle, rapide s’abattit soudain sur mon amie. Tout son corps en parut comme ébranlé, ses lèvres pâlirent et la fièvre, venant disputer à ses nuits les quelques restes d’un sommeil que son mal ne dévorait pas encore, ne lui laissa bientôt plus que ce qu’il fallait de raison pour se sentir mourir.

Mme Garbut, cette mère qui lui était si attachée, moins encore peut-être par les liens du sang que par ceux de la gratitude, nous attristait tous par un zèle touchant et maladroit. Tantôt elle apportait des reliques que sa fille rejetait avec horreur ; tantôt elle prêchait la vertu des simples ; et les princes de la science étaient importunés de ses avis.

La fièvre devint plus ardente ; Nane commença de donner la nuit, quelques signes de délire. Mais, le jour, elle reprenait tout son bon sens, et causait avec nous, d’une humeur égale. Un peu amaigrie par le mal, et si pâle qu’on eût dit sa figure taillée dans le bloc d’un ivoire sans tache ; plus gracieuse dans la douleur qu’elle ne l’avait paru jamais dans le plaisir même, elle me sembla devenir plus touchante, et comme l’occasion d’une tendresse.

Mais elle nous affligea de garder en ce passage