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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/216

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fatal, l’âme incrédule qui convenait si mal à son sexe, comme à sa condition. Et l’état de la malade semblait de plus en plus désespéré. Mme Garbut se décida enfin, à lui parler de ses devoirs religieux. Elle le fit sans doute avec peu d’adresse, et c’est ainsi que Nane apprit qu’elle était perdue. J’arrivais à ce moment même, pour la trouver en pleurs. Mais elle devint tout aussitôt calme.

— Mon ami, me dit-elle alors, il paraît que c’est fini. Quelques jours encore, et je ne serai plus qu’une petite chose froide, à quoi vous ne penserez plus.

— Taisez-vous, Nane. D’abord vous n’êtes pas près de mourir, et si jamais...

— C’est vrai, vous la regretterez un peu, votre amie Nane, qui a été si capricieuse avec vous ? Mais vous aviez tant de patience, comme on est avec un enfant qui n’est pas le vôtre. Vous rappelez-vous, de m’avoir recueillie tombant d’un omnibus ?

Et elle se met à rire, comme autrefois ; mais d’un rire faible et pour ainsi dire suranné.

— Je voudrais vous demander quelque chose, reprend-elle. Vous savez qu’à tort ou à raison je n’ai pas les idées de maman sur certaines choses, ni les vôtres. Mais pui