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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/219

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C’était bien fini de ma pauvre Nane. Le célèbre et coûteux docteur Z. déclara le lendemain, qu’il n’y avait plus rien à faire, qu’elle passerait la nuit, mais non pas le jour suivant. Nane elle-même se sentit tout près de sa fin ; et elle s’occupa alors, avec sa bonne grâce accoutumée, de quelques souvenirs et legs pour des amis, sa sœur, ses neveux.

— Vous, mon ami, me dit-elle, je vous donne tous mes miroirs. Si vous savez regarder, à la nuit tombante, vous croirez me voir encore. Et sans doute y reviendrai-je en effet, pour vous sourire.

Mais je veux aussi, reprit-elle, garder quelque chose pour moi : c’est mon beau collier d’émaux verts et bleus ; et tu me le laisseras autour du cou, n’est-ce pas, maman ?

Mme Garbut ne sut répondre que par des sanglots : peut-être est-ce là une bonne façon de ne pas s’engager avec les mourants.

Le soir, et comme j’avais veillé deux nuits déjà, je rentrai chez moi, épuisé de fatigue ; ayant prié, au cas improbable où l’on constaterait un peu de mieux que l’on m’en fît avertir, pour me permettre de prendre un repos plus long. Mais il ne vint rien, qu’un camarade qui monta me voir, vers onze heures ; j’allais justement me rendre ch