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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/220

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ez Nane.

Nous redescendîmes et je l’accompagnai un moment. Le malheur voulut que l’Élysée fût sur notre route, et mon compagnon, en passant, s’abandonna à la plaisanterie qui égayait alors les Parisiens. C’est-à-dire, qu’il ôta son chapeau haut de forme, comme pour saluer, et, en ayant contemplé attentivement la cime : « Mais il n’a rien du tout », déclara-t-il d’une voix claire.

Il sembla que cette mimique à laquelle tant de gens s’étaient jusque-là impunément amusés fût depuis la veille devenue inconstitutionnelle, car presque aussitôt des argousins en civils se jetèrent sur moi, et, non sans quelques sourdes bourrades, (« Tiens, tiens, c’est ça, pensais-je, des casseroles ») me conduisirent au poste prochain. Cependant, mon camarade, qu’on avait, je ne sais pourquoi, respecté, ayant pris un fiacre qui passait libre, disparaissait.

Au bout de quatre heures environ, fort ennuyeusement ruminées en un malpropre petit cachot, on me conduisit devant le commissaire, et je pensais déjà qu’après une admonestation paternelle, ou tout au moins avunculaire, et le conseil de ne pas y revenir, il allait me faire relâcher. Mais il en fut bien autrement.