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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/228

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a accoutumé quand elle se juge plus admirable. Sa toilette l’est aujourd’hui par la décence, la discrétion ; à quoi le souci de M. Le Marigo n’est peut-être pas étranger, car tous les poissons ne se prennent pas à la même boëte. Enfant infortuné des Flandres, c’est contre vous, sans doute, que fut liée cette conjuration du drap et de la fourrure qui va du noir à l’auburn, en passant par l’encre-de-Chine. Et si vous en tâtiez, Dieudonné, comme je fis tantôt dans le vestibule, vous sauriez combien c’est agréable, cette peau de bête à long poil. C’est contre vous, encore, que fut édifié ce chapeau aussi ténébreux que les projets de notre amie, et qui fait une varangue sur son front. Tout le haut de sa face en est noyé d’une ombre cendreuse, où reluisent ses yeux d’aventurine — ces yeux qui ont l’air de penser quelque chose, et qui ne pensent même pas à rien ; ces yeux dont vous aussi, Monsieur, après bien d’autres, hélas ! vous vous obstinez sans doute à découvrir le sens, à peupler le vide mystérieux : tout de même qu’enfant vous vouliez voir l’Homme dans la lune.

— Mais vous ne regardez pas la peinture, dit-elle.