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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/229

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Car nous sommes dans une de ces petites Expositions, éternelle revanche des aveugles, dont, à chaque printemps, il y a mille et trois, en France seulement.

— Merci, lui dis-je ; et le diable m’emporte si je sais ce que je venais faire ici. Ou plutôt je le sais enfin : c’est mon cœur qui m’entraînait vers vous.

À ces mots un rire léger voltige sur sa bouche.

— Vous êtes gentil, aujourd’hui, répond-elle. Et je songe qu’il y a longtemps que je n’ai été vous voir. Vous demeurez toujours à la même place ?

J’ai quelques raisons de ne pas recevoir Nane chez moi dans le moment, et je lui réponds avec autant de franchise mais peut-être moins d’ingéniosité qu’Odysseus :

— Certainement, ma chère amie, c’est-à-dire non. Mon valet de chambre faisait sa première communion, ou plutôt sa fille. Alors il est tombé malade ; et, par économie, je me suis logé à l’hôtel pour ne pas être seul — du côté de Saint-Sulpice, l’hôtel A’Kempis, je veux dire Man’A’Kempis. Connaissez-vous ça ? C’est un hôtel très chic, un hôtel belge !

— J’ai entendu parler, dit mon amie d’un air vague. Et Saint-Sulpice, c’est bi