Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/236

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Entre tant, nous voici au pied de la tour. Je prends deux tickets à 0 fr. 50 l’un ; car ces petites fêtes, pour modeste qu’en reste le train, ne sont pas tellement gratuites qu’on croirait. Et là-dessus nous gravissons deux mille cinq cent trois marches, ou environ.

— Ouf, fait Nane, qui s’est fait porter, en quelque sorte, dans les trois derniers quarts du parcours.

Sur la terrasse, une aimable bise nous accueille, qui rachète l’aigreur par l’humidité. À nos pieds pleure Paris, avec des clochers et des toits qui percent la brume. Mais, plus près de nous, toutes les pierres, et la plate-forme entre les deux tours, et le peuple pétrifié des monstres qui en ornent les abords, sont flammés noir et blanc, comme on voit certains pelages. Et parmi les hyènes, les éléphants, les diables, il y a une image surtout qui étonne mon amie : c’est le démon qui, accoudé sur un coin de balustrade, contemple la capitale du péché avec une si cruelle goguenardise. Celui-là aussi, Nane voudrait l’« identifier » ; et comme personne ne me démentira :

— C’est, lui dis-je, Baalzébub, prince des mouches.

— Il ne doit pas, observe-t-elle, être très