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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/237

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occupé de ce temps-ci. À moins qu’il n’ait aussi la police sous ses ordres. Justement, elle n’est pas loin. Mais comme il est laid : il me fait presque peur, avec sa langue.

Et frissonnante, elle s’insinue dans mon pardessus.

— J’ai froid, dit-elle : embrassez-moi.

— Attendez un peu, Nane. Il y a ici un mufle de gardien, qui est toujours derrière les gens pour les pincer à ça. Il faut profiter quand il vient juste de repartir.

À peine ai-je émis ces paroles que le gardien projette, à l’angle d’un mur, son blair grotesque. Mais comme je suis en train d’indiquer, avec mon parapluie, un invisible Arc de Triomphe, il bat en retraite, déçu ; et j’en profite pour obéir aux ordres de mon amie.

— ... Là ! en voilà assez, dit-elle enfin. On s’en va.

— Je vous mettrai chez vous, si vous voulez, à moins que...

— À moins que ?

— ... Que vous ne préfériez me mettre chez moi, — un petit moment.

— Et Mlle Clo’ ?

— J’ai réfléchi, figurez-vous, qu’en voiture fermée elle pourrait sortir sans scandal