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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/244

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Et à cette époque, je me destinais à la carrière théâtrale. (Eah : théâtrale, j’ai dit.)

« — Je vous demande pardon, je n’y pensais plus, a répondu cet honnête homme.

« Mais moi, j’ai gardé un air offensé, et poussé, pendant une heure, des soupirs de veau qui a peur. Il faut prendre garde que tout ceci se passait chez moi. Au fond, j’avais envie de rire, à m’imaginer l’hérissement des Lemploy, s’ils m’avaient entendu débiner la chaste jeunesse de Clotilde. Vous savez si elle y tient, à son passé ; n’ayant guère que ça à se mettre sous la dent, qu’elle a d’ailleurs un peu rare, comme le cheveu. Mais ce n’est pas pour son charme que je l’aime.

« Après un siècle, donc, de ces soupirs, et tout ce renfrognement qui me recroquevillait la moue, il n’y a plus tenu, le filateur : il a filé. Et moi je le croyais dissipé déjà dans l’air pour quelques heures, que d’avance ma pensée dépensait en menus plaisirs, menus, menus — comme la bouche de Primavérile —  ; mais écoute s’il pleut. Est-ce qu’il ne revient pas au bout de onze minutes, environ ; avec cet air roucoule à lui vider un syphon dessus, et le sempiternel bouquet de violettes : « Vous croyez peut-être, je lui ai dit, que les orc