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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/245

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hidées, ça salit les gants ? » Et, tout l’après-midi, j’ai été comme une herse.

« Mais avouez aussi, mon ami, depuis cinq mois qu’il me courtise, à trois bouquets par jour, en moyenne, ça fait quatre cent cinquante bouquets à deux sous, soit quarante-cinq francs de fleurs. Voilà ce qu’on nomme, sans doute, le fleuretage ; eh bien, ça n’est pas assez ; et vous-même étiez plus magnifique, à l’époque où j’habitais votre garno de cœur.

« Mais je ne vous écris pas purement pour vous conter ces ragots : c’est, à vrai dire, dans le but de vous demander quelque chose. Vous-même m’avez dit que la plupart des lettres de femmes n’en avaient point d’autre. Et, en passant, croyez-vous que celles des Messieurs ne soient toutes que pour offrir ?

« Enfin, voici : quand on se marie, il ne suffit pas, malgré le proverbe, d’être deux. Comme pour les duels, outre les combattants, il faut encore des témoins ; et, comme pour les duels, il y a des gens que ce rôle enchante, d’autres, non. J’ai peur que vous ne soyez de ces derniers ; et pourtant j’ai besoin de vous, de votre bras, de votre signature, car enfin, réfléchissez : qui prendrais-je ? Et pensez-vous qu’il y ait tant de gens de votre genre, avec