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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/25

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district de l’Amérique, fertile surtout en glaçons, si des épaves de grande ville le pouvaient prendre de loin pour une Arcadie, n’était pas une villégiature favorable aux jeux de nos courtisanes. Elle se consola donc assez vite de rester seule maîtresse en son petit hôtel de la rue de Scytheris, et que Bélesbat n’y vînt plus gesticuler parmi ses tables fragiles ou blâmer de son âcre voix les lenteurs du service.

En vérité, ce qu’elle aimait le plus de lui, ce n’était pas sa présence.


Il n’entrait point dans les intentions de Nane de se montrer, en son veuvage, plus fidèle à Bélesbat qu’elle ne faisait d’ordinaire. Elle continua donc à le tromper, quoique avec moins de plaisir depuis qu’il était loin ; et ce fut surtout avec Jacques d’Iscamps.

D’éducation décente et d’extérieur agréable, Jacques jouait depuis près d’un an auprès d’elle, avec autant d’élégance qu’il se peut, le rôle d’amant de cœur. C’est à lui que ressortissait le département des fleurs, dragées, baignoires. Il était chargé aussi de remplacer, aussitôt mortes de langueur, les petites tortues caparaçonnées d’argent et de turquoises dont