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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/26

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les dames s’ornaient alors ; et de jouer à Auteuil les bons tuyaux, les increvables ; comme encore de commander en des restaurants dérobés des dîners que presque toujours un petit bleu tard venu le laissait dans l’alternative de planter là, ou de dévorer tout seul, ridicule.

Aujourd’hui, que Bélesbat se balançait sur les hautes vagues de la mer, le jeu régulier des lois sur l’avancement le haussait à une situation presque officielle. Déjeunant chaque matin chez Nane, il eut la joie de s’y entendre couramment appeler « Monsieur », comme aussi de prendre une part plus active à l’administration intérieure, d’être initié aux détails les plus émouvants de la lingerie ou du chauffage. Une fois même il eut mandat de discuter avec le boucher certain compte qui n’était pas clair, et qu’il finit du reste par payer intégralement, après avoir joui pour ses épingles, en un bigorne de loucherbem assez diaphane, de quelques insinuations malveillantes.

Mais, assez vite, tout cela cessa de l’amuser ; et il se prenait parfois à regretter la vie de naguère, les rendez-vous souvent manqués, mais où il y avait une pointe d’imprévu. Et il