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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/44

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— Quel dommage, observe-t-elle, que Jacques ne nous voie pas comme ça.

— Il est un peu tard pour le faire prévenir, lui dis-je ; tandis que je m’occupe de réparer le désordre de ma toilette.

— Où allez-vous ? Est-ce que vous partez ? Et elle se pelotonne sous les couvertures.

— Rendez-vous avec un parent de province, à la sortie des théâtres — vieillard susceptible. Et il est minuit passé. Pourvu que je trouve une voiture.

— Au lieu de rester à me soigner, dit-elle mollement.

— Je suis sûr que l’exercice ne vous vaut rien. Bonsoir. À demain, ici, cinq heures, voulez-vous ?

Nane veut ; moi je m’en vais lâchement me coucher et ne tarde guère à tomber dans ce sommeil profond des gens qu’on doit guillotiner le lendemain.

D’ailleurs, comme l’a dit M. de Bourdeille, « ce qu’il peut y avoir de commun entre l’amour et le dormir, je n’y sçaurais entendre. Et me semblent deux bien trop excellentes choses pour les brouiller, et ne les pas faire chacune à part et en son heure. »