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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/43

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je ne démêle pas, et je vais m’asseoir, contre elle, sur le grand fauteuil.

— Vous savez bien, me reproche-t-elle bientôt, que je ne puis pas bouger, que je suis sans défense, toute meurtrie... non... vous me faites mal !

— Sérieusement, vous souffrez encore ?

— Au fond, pas tant que ça, reprend-elle. C’est plutôt la même chose que si j’avais reçu le fouet....

Peu à peu le sourire de Nane m’apparaît tout près et très loin ; comme les choses que l’on aperçoit encore en s’endormant par un après-midi d’été, alors qu’à travers toute la profondeur d’une muette maison, on n’entend plus rien que, parfois, une porte qui claque, ou le jeune pas de quelque servante sur la dalle des frais corridors.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il me semble que c’est ainsi, un peu dans un rêve, que nous avons changé de chambre, Nane et moi. On dirait même qu’il y a longtemps, si j’en crois un état somptuaire qui aurait éclairé, sur la nature récente de nos relations, les tribunaux les plus borgnes, et jusqu’au regretté Président Magnaud. Nane en est frappée aussi.